Le cloud privé et l’hybridation sont-ils voués à l’échec ?
Quel avenir pour le cloud privé et l’hybridation ? Alors que le partenariat entre AWS et VMware semble ouvrir de nouvelles perspectives pour l’hybridation, j’ai cependant la conviction que le Cloud privé et son hybridation ne constituent qu’une phase transitoire avant une période de bascule massive vers le Cloud public. La croissance des résultats d’AWS (+27% en 2016) en est la preuve irréfutable. De fait, on peut se poser la question : est-ce qu’il y a encore un intérêt à développer un modèle de Cloud privé hybride ?
Simon Wardley, se basant sur une présentation d’Adrian Cockroft (VP Architect, ex-Netflix) a représenté 2 types d’hybridation à l’aide de ce petit dessin que je trouve particulièrement explicite.
Hybridation Cloud Public/Public
Clairement, mon approche est celle du Cloud public first, et de préférence avec un seul fournisseur cloud pour commencer.En effet, adopter le Cloud public demande un effort important pour les organisations. Cela suppose de réinventer une grande partie des activités IT (Dev et Ops), de développer une nouvelle culture pour en tirer parti. Mener de front simultanément cette adoption avec deux fournisseurs me semble complexe. De fait, dans le cas où une entreprise souhaite avoir deux fournisseurs Cloud, je préconise une approche où l’utilisation d’un second Cloud se fera en consolidant la connaissance et les bonnes pratiques acquises avec le premier partenaire. Ce besoin de dual-sourcing Cloud reste cependant limité à des cas “extrêmes”. Le dual sourcing Cloud permet par exemple de répondre au besoin de mitigation du risque contractuel d’être attaché à un seul fournisseur ou à la nécessité d’une extrême résilience (comme Waze qui utilise AWS et Google Cloud Platform). Comme le montre très clairement le dessin ci-dessus, pratiquer le dual Cloud demande une certaine expertise.
Hybridation Cloud Public/Cloud Privé
De nombreuses DSI ont fait le choix de construire leur propre Cloud privé. Ce sont des investissements souvent lourds, qui en comparaison de l’utilisation de services Cloud Public produisent un niveau de service faible, même si le Cloud privé a permis aux DSI de proposer des services IaaS en conservant la même organisation et les mêmes méthodes de travail. Cependant, avec l’adoption inéluctable du cloud Public, la cohabitation entre les deux services va obliger les DSI à basculer vers les pratiques du Cloud public et remettre en question les modèles hérités du Cloud privé. Dans le cas contraire, en considérant le Cloud public comme une extension du Cloud privé, il serait alors sous-utilisé et la DSI passerait à côté des opportunités du Cloud public.
Cloud public : une stratégie gagnante à 3 ou 5 ans
À moyen terme, d’ici 3 ou 5 ans, on peut raisonnablement supposer que les organisations ayant adopté une stratégie Cloud first seront à même d’utiliser complètement l’ensemble des services IT proposés par les Cloud Public. La phase douloureuse d’adoption sera passée, et l’effort sera concentré sur l’utilisation des services et la création de nouvelles solutions pour le métiers. De plus en plus d’organisations auront la capacité de concevoir et d’opérer des applications hébergées sur plusieurs Cloud, afin de choisir le meilleur service au meilleur prix.
A contrario, je ne vois que deux options pour les organisations ayant opté pour l’hybridation de leur Cloud privé avec le Cloud public :
- Arrêter leur Cloud privé, car nécessitant trop d’investissement au regard de la valeur.
- Intégrer leur service Cloud privé sur un fournisseur public (à l’image de l’offre VMWARE sur AWS).
Les organisations continuant d’investir dans leur propre Cloud seraient en risque de se retrouver complètement ostracisées par le reste de la structure, et donc facilement remplaçables et externalisables.