WIS 2024 : l’engagement des femmes en faveur de la transition écologique

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Temps de lecture : 18 minutes

Le World Impact Summit (WIS pour les intimes) s’est déroulé les 7 et 8 mars 2024 à Bordeaux sous le thème l’engagement des femmes en faveur de la transition écologique. Plus de 300 intervenants se sont déplacés pour l’occasion. La quantité d’intervenants était au rendez-vous, la qualité aussi !

J’ai pu y retrouver notamment des frenchies que j’affectionne, Camille Etienne (militante écologiste) autrice de “Pour un soulèvement écologique” et Timothée Parrique (Docteur en économie spécialisé sur la décroissance), qui a vulgarisé cette thématique dans son livre “Ralentir ou Périr”. Ainsi que des pointures politiques Hillary Rodham Clinton, François Hollande ou Jean-Louis Borloo (ancien ministre de l’écologie). Au-delà des intervenants, Nathalie Ricaille et Théo Robache méritent une mention spéciale pour leur qualité d’animation des tables rondes.

Ces deux jours ont été riches en information, je vais essayer d’être synthétique. L’article restera dense en information, mais des liens seront disséminés tout au long de l’article pour aller plus loin ou creuser certaines idées.

Pourquoi le WIS ?

Le WIS a pour avantage de créer un rassemblement désiloté. Les acteurs qui n’ont pas forcément l’occasion de se croiser, car travaillant sur des thématiques éloignées, appartenant à des secteurs disjoints (publics/privés), des mondes différents entreprises/institutions, peuvent échanger durant les tables rondes.

C’est l’occasion de se rassembler et d’échanger. Bien que les invités possèdent globalement le même objectif écologique, la façon d’y parvenir n’est pas unique et le désaccord a sa place. Cette pluralité de perspectives a bien plus de valeur qu’une vision unique et suscite des débats. Le WIS apporte de la valeur grâce à cela.

La place de la femme dans la transition écologique

Le WIS a mis à l’honneur les femmes sur cette édition 2024, et ce n’est pas un hasard si l’événement a eu lieu le 8 mars, la journée internationale des droits de la femme. Elles font partie des personnes les plus touchées par le réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique entraîne des catastrophes naturelles de plus en plus violentes. Ces catastrophes affectent principalement les ménages les plus pauvres et notamment les femmes. Selon l’ONU, les femmes ont 14 fois plus de risques de mourir en cas de catastrophes naturelles.

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D’après les rapports du FAO (Food and Agriculture Organization), l’inégalité financière des ménages agricoles dirigés par des femmes va se creuser davantage (lien du rapport). Le stress hydrique va s’accentuer dans les zones rurales, obligeant à aller chercher de l’eau potable de plus en plus loin. En Inde, dans le Rajasthan, ce sont les femmes qui sont en charge d’aller chercher l’eau. Elles parcourent des kilomètres et doivent parfois faire plusieurs aller-retours, ce qui peut prendre jusqu’à 6h par jour. Au-delà de la difficulté physique, cela impacte directement l’éducation des jeunes femmes. Elles ne peuvent pas à la fois aller chercher de l’eau, et aller à l’école ou réviser pour leurs examens. De même, libérées de cette contrainte, les femmes pourraient avoir le temps de prendre un emploi (lien vidéo – 3min).

Bien que très impactées, les femmes sont également porteuses d’espoir. Leur débrouillardise permet l’innovation dans ces milieux où il y a peu de moyens (article de tv5 monde). 

Toutefois, il n’y a pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour reconnaître les actions engagées des femmes. Ce sont également les premières actrices des petits gestes du quotidien. Contrairement aux hommes, elles achètent plus de légumes et de fruits, mais surtout moins de viande (INSEE sondage de 2017). Or manger de la viande (surtout du bœuf) alourdit son bilan carbone. De plus en plus de personnes diminuent leur consommation de viande, mais est-ce que l’on devient végétarien pour autant ? En 2020, seulement 2,2 % des Français se déclarent appartenir à un régime sans viande (sondage IFOP) et parmi les végétariens 67% d’entre eux sont des femmes (France inter).

Comment embarquer tout le monde ?

On constate que les femmes contribuent à la transition écologique, mais il faut qu’un maximum de personnes contribuent pour obtenir un effet de masse. Une question qui revient souvent lors des tables rondes est : “Comment est-ce qu’on embarque tout le monde ?

Pour Timothée Parrique, on commence déjà par embarquer ceux qui le veulent. J’ajouterai aussi ceux qui le peuvent. Le quotidien des personnes n’est pas égal. Ceux qui luttent financièrement pour tenir jusqu’à la fin du mois ont d’autres priorités que de lutter contre la fin du monde.

Une fois les plus motivés embarqués, ils montreront la voie aux personnes ne se prononçant pas. Si ça marche, les autres suivront. J’ai l’impression d’entendre Jancovici répondant à la question : « Est-ce vraiment utile que la France s’implique autant ? Si les autres pays ne font rien, c’est peine perdue »
Comme l’explique Jancovici, si la France a de bonnes idées (en matière de transition écologique), il n’y a aucune raison pour que les autres pays ne suivent pas.

Cela passe par un état d’esprit précis ?

Il faut rassurer la population. Notre mode de vie va évoluer lors des prochaines années et décennies. Jusque là, rien de nouveau, le monde étant en perpétuellement changement. Toutefois, l’avenir tel qu’il est actuellement décrit n’est pas des plus joyeux, surtout lorsque l’on voit le mur du réchauffement climatique qui s’approche à grand pas. François Hollande insiste sur le fait “qu’il va falloir rassurer la population”. Cela ne fait aucun doute. Est-ce que le gouvernement y arrivera ?

Je rejoins la façon de penser de l’excellent orateur François Gemenne (professeur à HEC, rapporteur au GIEC). Au lieu de se contenter de décrire les risques encourus si on ne fait rien, il peut être intéressant de présenter les intérêts qu’il y a à agir. Présenter des solutions au réchauffement climatique uniquement sous la forme de contraintes n’est pas ce qui est le plus productif mentalement parlant.

Il y a tout un travail à faire pour essayer de dépeindre un monde vers lequel se projeter en décrivant ses avantages. Plus le chemin sera défini, plus il donnera envie de s’y engager. Je pense qu’on a besoin de savoir pourquoi on veut avoir envie de changer.

Prenons en exemple le domaine alimentaire : dans un monde plus écologique où l’on mange des produits locaux et sains avec une agriculture engagée et respectueuse de l’environnement, la santé des consommateurs n’en sera que meilleure. Le goût des aliments aura une toute autre saveur, la biodiversité sera plus florissante autour de ces champs.

N’est-ce pas plus vendeur que manger des aliments qui ne sont pas de saison, ayant fait des milliers de km, dans des conditions et des normes douteuses, ou des produits ultra-transformés ? Oui c’est utopique, mais c’est le principe. Dépeindre un futur meilleur, plutôt qu’apocalyptique, histoire de donner envie et de se projeter. J’emprunterai même les mots utilisés par Camille Etienne dans son premier livre: “Il faudrait, en somme, rendre désirable le fait de vivre. Et on attend de la lutte qu’elle soit romantique, héroïque.

Un autre exemple, si les réseaux de transports en communs d’une ville répondent parfaitement à l’usage, cela réduira le besoin de se déplacer en voiture au sein de cette ville. Ceci engendra des économies pour les usagers à la fois financièrement et en grammes de co2 dépensés pour se déplacer. Des systèmes gagnant-gagnant peuvent exister et surtout être mis à l’honneur.

Orienter sans imposer

La contrainte anime les foules. Est-ce qu’on peut aider la population à prendre des décisions allant dans le sens de la transition écologique ? En donnant les grandes lignes à suivre lors des achats, ça peut aider. Le système ne sera pas parfait mais tendra dans la bonne direction et amènera à la réflexion.

Prenons en exemple le système de bonus/malus lors de l’achat des voitures. Il n’est pas interdit d’acheter de grosses voitures polluantes, mais le “malus”, rien que par son nom, fait comprendre qu’il y a potentiellement un souci. D’autant plus que financièrement parlant, l’État peut s’y retrouver sans avoir à débloquer de nouveaux fonds. Les malus peuvent contribuer à payer les bonus des autres acheteurs.

Est-ce qu’il serait possible de le faire pour d’autres domaines ? Je pense que oui. Le domaine de l’alimentation a récemment évolué avec l’apparition du Nutriscore en 2014. Imparfait, car pouvant être biaisé par le lobbyisme de l’agro-industriel et des compositions alimentaires ajustées chimiquement, mais le nutri-score est efficace et amène à la réflexion !

Une proposition d’idée a été émise également, celle d’imposer l’information “cet aliment ne respecte pas les normes alimentaires européennes”. En effet, les aliments produits en dehors de l’UE ne sont pas régis par les mêmes normes. Or depuis 2022 (c’est très récent), les aliments labellisés Bio respectent bien les critères européen. Ce n’était pas forcément le cas avant, ces aliments devaient répondre aux critères de leur pays de production pour obtenir le label Bio, les critères pouvant être plus laxistes que ceux exigés par l’UE (un article récent et intéressant abordant le sujet).

En regardant pour essayer de faire un parallèle avec la fast-fashion, on retrouve un système de malus qui vient d’être adopté à l’assemblée nationale le 14/03/2024. Elle doit maintenant être examinée par le Sénat. Pour aller plus loin, il y a cet article rassemblant énormément d’informations sur les origines et les conséquences de la fast-fashion: son impact environnemental néfaste, des conditions de travail limites, la toxicité des produits utilisés, une concurrence menant à la fin d’emplois en France, etc.

Ces mêmes normes sont à la fois importantes pour assurer la qualité des aliments, mais également une contrainte de par leur caractère changeant et la fréquence de leur apparition. Ces 4 dernières années, ce sont plus de 850 normes qui ont été adoptées au niveau européen (annoncé en table ronde, mais je n’ai pas trouvé de sources sur ce sujet, toutefois ça ne m’étonnerait pas…). Comment est-ce que les agriculteurs peuvent établir une feuille de route sur du long terme avec ces changements d’années en années ?

Dans ce monde en constant changement, c’est difficile de planifier. Alors qu’on a clairement identifié le besoin d’un cadre stable et d’une vision long terme.

S’informer

Commençons par nous informer pour nous aider à poser un cadre stable et constructif. Je vais reprendre Camille Etienne, “le savoir est le premier des pouvoirs et il est malmené”.

Afin d’agir individuellement, il faut déjà être conscient du problème et mettre en pratique des gestes utiles ayant un fort impact. Pendant longtemps, et même encore il y a quelques jours à la WIS, on a entendu “le streaming en HD est le mal”, “il faut vider sa boite mail”. Le combat n’est pas là. Remettons en perspective les ordres de grandeur des actions que nous pouvons mener (outils de l’Ademe).

Pour une consommation annuelle :

– 1h de streaming en 4k par jour (sur du wifi) = 25 kg co2/an
– 100 mail envoyé par jour (sur son ordi portable) = 6 kg co2/an

Pour une utilisation ponctuelle :

– 100 km en voiture = 22 kg co2
– 1 aller-retour Paris-Tokyo en avion =  4 500 kg co2

Source: Calculatrice interactive mise à disposition par le monde se basant sur les temps médians du rapport du Giec. 

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Comprendre les enjeux avant d’agir, et c’est d’autant plus complexe que de nombreux domaines se recoupent et s’entremêlent. Comment résoudre les enjeux de l’agriculture sans parler de l’eau, qui nécessite également de traiter de l’aménagement des territoires, des transports, de l’énergie, etc. ? Et encore là, on parle principalement des actions humaines, mais tout cela continue de s’imbriquer avec le reste du monde du vivant, de la nature et la planète.

Ceci fait résonner en moi les paroles de Jancovici lorsqu’il annonce que nous avons affaire à « un problème complexe mal posé » (conférence devant Sciences Po). Effectivement, nous sommes bien loin des devoirs sur table donnés aux ingénieurs de demain où le problème est “correctement cadré” et disposant d’un nombre de solutions fini. Et pourtant on y est, la transition écologique est en cours. C’est maintenant qu’il est nécessaire de le résoudre. On avancera avec des données partielles, récupérons le maximum d’informations et allons-y.

Planifier et agir

Des idées novatrices, on en a. Des essais / des prototypes au potentiel révolutionnaire fleurissent à tout va, mais restent bien trop souvent à l’état d’embryon dans leur coin. Il va falloir recenser et accélérer le passage à l’échelle des solutions qui sont “mûres”. Il serait utile que des organismes recensent ce savoir pour les redistribuer.

Bonne nouvelle, il existe le Cerema: “l’expertise publique pour la transition écologique et la cohésion des territoires”. Il s’agit d’une véritable mine d’informations open-source et gratuite. Ils diffusent les savoirs et méthodes acquises au travers de leur POC (Proof-of-concept) à l’ensemble du territoire. 

Les collectivités ont besoin d’aide pour agencer leur territoire. C’est intéressant de capitaliser sur les techniques qui fonctionnent, parce qu’il faut partir directement dans la bonne direction. D’un côté, on n’a plus trop le temps de se tromper, mais d’un autre il faut agir. C’est pourquoi des entreprises tel que le Cerema sont très importantes pour les collectivités.

Prenons un exemple d’apport possible par le Cerema : le score Card Résilience Eau. Le nutri-score de l’emploi de l’eau d’une collectivité. Un tableau de bord permettant d’avoir la vision actuelle de l’état du système d’eau : ses points forts / ses points faibles. Sachant cela, il est plus aisé de prioriser les aménagements les plus décisifs et urgents. Actuellement ce système est testé sur 5 collectivités, c’était 2 collectivités en juillet 2023 (plus de détails ici).

En plus d’aider les collectivités à agir, l’état des lieux et les avancées peuvent être communiqués plus facilement aux habitants (et électeurs). Ces métriques permettent d’informer de façon concrète et factuelle.

Un focus sur l’eau en France

Permettez moi de présenter quelques informations au sujet de l’eau en France abordées lors des tables rondes.

En France, des améliorations sont possibles sur le taux de réutilisation d’eaux usées traitées. Nous ne sommes actuellement qu’à 1 %. Alors qu’en Espagne et en Italie, ce taux  avoisine les 10%, en Israël c’est 80% (services eau France). Certes les particularités d’un pays à un autre sont différentes, mais l’écart est considérable. Par exemple, en France on a la particularité d’avoir besoin de l’eau pour alimenter le débit des rivières, il serait illusoire de viser les 80%. Le gouvernement a placé comme objectif un taux à 10% pour se remettre au niveau de nos voisins européens.

Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a parlé du système de performance du système d’eau de sa ville qui avoisine les 88% d’efficacité. Ce que je retiens de ce chiffre, c’est qu’il y a 12% de fuites à aller chercher pour améliorer l’existant. L’intelligence artificielle a du potentiel pour les identifier plus facilement selon Juliette Fropier (Cheffe de projet IA au ministère de la transition écologique).

Je n’ai pas à trouver des données récentes, mais en 2012 la moyenne nationale était de 20% de fuite (eau France). L’ordre de grandeur d’objectifs réalistes est de 90% d’efficacité, la communauté de Toulouse semble être dans la moyenne haute. J’ai espoir qu’on arrivera à continuer d’augmenter ce niveau d’efficacité.

Au-delà de l’eau, l’agriculture a également fait partie des thématiques phares des conférences. J’ai découvert l’agriculture régénératrice présentée par Félix Noblia et l’existence des métriques permettant de quantifier son impact. Le bilan carbone étant l’indicateur phare permettant de suivre ses “progrès écologiques”, on la retrouve partout mais il n’est pas suffisant puisqu’il ne décrit que la partie émergée de l’iceberg. Il en existe bien d’autres, comme l’empreinte matière (“l’ensemble des matières premières mobilisées pour satisfaire la consommation finale d’un pays”) pour n’en citer qu’une. Revenons à l’agriculture régénératrice et ses avantages. Énormément d’informations vulgarisées et concises sont disponibles sur le site de l’entreprise Régénération.

Plus le sol contient de matière organique, plus il arrive à stocker l’eau. Les sols ont alors une meilleure résilience face aux inondations et aux sécheresses (des catastrophes climatiques qui vont devenir de plus en plus fréquentes). Ils contribuent également à un meilleur approvisionnement des nappes phréatiques.

Les besoins en pesticides et polluants diminuent. La biodiversité s’améliore; plus d’insectes, d’oiseaux, et d’animaux en tous genres reviennent dans les champs. Cette méthode d’agriculture s’inscrit dans un temps long et durable.

Bien qu’apparaissant comme une solution viable et souhaitable, ce changement d’agriculture ne peut se faire du jour au lendemain. Une dizaine d’années pour que tout se mette en place. On retrouve le fait qu’on a besoin d’un “temps long” pour mettre en place des actions pour la planète. Dix années peuvent sembler longues pour un humain, il s’agit d’un temps extrêmement court pour la nature.
Pour en apprendre plus sur le sujet, il existe le film “Mission régénération”, actuellement disponible sur Netflix. Même si Félix nous a mis en garde sur le fait que le film pouvait être éloigné de la réalité terrain par moment en étant trop optimiste, ce n’est pas de la magie non plus.

Dans un rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) datant de 2023, les coûts cachés de l’agriculture moderne représentent 12% du PIB mondial (soit 15 000 milliards d’euros). Si l’on passait à une agriculture régénératrice, ce ne seraient pas des coûts mais des gains de 10% de PIB. Ces chiffres incroyables sont porteurs d’espoir. Toutefois, un financement initial de l’ordre d’environ 0.3% du PIB est nécessaire pour enclencher la transition. Il est nécessaire de financer aujourd’hui les améliorations de demain.

Réglementation

CSRD (directive européenne) : Aller au-delà du simple reporting financier.

Le bilan comptable d’une entreprise ne suffit pas en matière de transition écologique. La décorrélation entre l’aspect financier et l’impact écologique amène au besoin d’avoir un autre rapport que le bilan des comptes, le CSRD (une directive européenne, voir notre revue de presse de Janvier sur ce sujet). En s’inspirant de la rigueur des rapports financiers établis par les comptables, il est nécessaire que le rapport « écologique » soit également très codifié. La qualité des données présentes n’en sera que meilleure. Et à l’ère de l’IA, cette qualité est primordiale pour réussir à en extraire de la valeur.

Cette nouvelle réglementation très structurée permettra de pouvoir enfin comparer des entreprises d’un même secteur. Il sera alors possible de découvrir les bons élèves, des moins bons, mais surtout d’en extraire les raisons et les grandes lignes permettant de devenir un bon élève afin de pouvoir le répliquer. Au-delà de pouvoir comparer les entreprises, elle pourra également être utilisée par l’entreprise pour suivre son évolution dans le temps et mesurer les impacts de ses plans d’actions.

A l’heure actuelle, toutes les entreprises n’ont pas l’obligation de produire un tel rapport. En France, c’est aux alentours de 10 000 entreprises qui sont concernés, et environ 50 000 au niveau de l’Europe. Les entreprises non-européennes réalisant du business en Europe sont également concernées.

Le CSRD n’est pas une simple conformité de plus, il s’agit plus d’une philosophie (pour les personnes travaillant dans l’IT, c’est un peu le Devops des comptables.) La thématique de l’écologie étant de plus en plus présente dans les mœurs, cela peut devenir un argument RH. “70% des jeunes (18-30 ans) seraient prêts à renoncer à postuler dans des entreprises qui ne prennent pas en compte les enjeux écologiques” (étude d’Harris Interactive). Afin de continuer d’attirer de nouveaux talents, les entreprises ont la nécessité d’embrasser les enjeux écologiques à bras le corps. Si l’entreprise rate le coche, sa compétitivité va petit à petit s’amoindrir. Au-delà de la qualité des collaborateurs, c’est également une question d’attractivité avec l’imbrication des différents scopes pour calculer l’impact Carbone d’une entreprise.

Petit rappel des différents scopes (plus de détails ici ou ici ) :

– Scope 1 : les émissions directes de GES produits par l’entreprise
– Scope 2 : les émissions indirectes liées à l’énergie mais qui ne se produisent pas directement sur le site de l’entreprise
– Scope 3 : les émissions indirectes qui ne sont pas sous le contrôle de l’entreprise

Lors d’appels d’offres pour des entreprises fournisseurs / clients, afin de ne pas saboter ses efforts visant à réduire son bilan carbone, une vigilance particulière sera donnée au scope 3 des autres entreprises. Un trop gros impact carbone par rapport aux concurrents directs peut devenir un motif rédhibitoire. Toute la chaîne de conception d’un produit est touchée.

La transition écologique, une dimension patriotique ?

Energie

Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a eu une prise conscience sur les dépendances énergétiques envers le gaz russe et les pays exportateurs de pétrole. Ce qui a pour conséquence une accélération de la transition vers des énergies renouvelables (LOI n° 2023-175 du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables) : “Il n’y aura pas d’indépendance politique sans indépendance énergétique. Nous devons reprendre en main notre destin énergétique

Re-localiser les industries en France

Localiser des sites de production en France permet une meilleure maîtrise de l’énergie employée. Lorsque l’énergie utilisée est l’électricité, la France possède un des meilleurs rapport kWh/gramme de co2 (en grande partie grâce au nucléaire) : 1 kWh/85 g de co2. Pour ce même kWh, l’Allemagne émet 4 fois plus de co2 et la Pologne 8 fois plus (tableau récapitulatif pour les différents pays européen en 2022).

Ainsi un même produit fabriqué à l’autre bout de la planète à kWh identique produira plus d’équivalent carbone à cause de l’énergie employée d’une part. D’autre part, il faudra ensuite acheminer jusqu’en France les produits.

Un gage de qualité

La France est connue pour ses nombreuses normes (sécurité, social, etc., à lire ici sur actu juridique). La norme, souvent décrite comme une balle dans le pied dans le pied vis-à-vis de la concurrence envers les autres états, permet également d’avoir des produits de qualité et ayant été fabriqués dans des conditions respectant les droits de l’homme. Ce n’est pas le cas de tous les pays depuis lesquels on importe des produits. Parfois les conditions de travail peuvent être limites.

Comment reconnaître ces produits fabriqués en France ? Yves Jégo, le porte parole du label “Origine France Garantie”, nous a présenté le label :

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Un produit portant ce label assure que les deux critères suivants sont respectés :

– le lieu où le produit prend ses caractéristiques essentielles est situé en France.
– 50% au moins du prix de revient unitaire est acquis en France

Pour en savoir plus sur les produits pouvant prétendre au label “Made In France”, cet article de libération est très intéressant. On peut partir du principe que si un produit ne possède pas de label “Made In France” ou “Origine France Garantie”, c’est qu’il a peu de chance d’avoir été produit en France, sinon il aurait le label.

L’idée principale derrière ces labels est de pouvoir informer l’acheteur afin qu’il ait le maximum de cartes en main afin de pouvoir prendre une décision réfléchie. On peut faire le parallèle avec les bonus/malus des voitures que l’on a vu précédemment : informer sans contraindre. Il est nécessaire que l’acheteur responsable ait accès à ces informations. Et pour cela, la traçabilité d’un produit et la transparence de sa provenance sont requis.

Je finirai par vous parlez de la sorte de label “société à mission” auquel peut prétendre une entreprise (j’ai découvert son existence lors du WIS). Il s’agit de sociétés qui intègrent des objectifs sociaux et/ou environnementaux dans leurs statuts. “La société à mission se donne pour objectif de contribuer positivement à la société ou à l’environnement”. Par exemple, l’entreprise Régénération est une entreprise à mission.

Conclusion

Merci à Nicolas Pereira pour l’organisation de cet événement ! Il est plaisant de pouvoir suivre les avancées de personnes luttant dans la même direction, sans pour autant toujours avoir une opinion unique.

La menace environnementale, source d’éco-anxiété chez certains, n’est pas une thématique respirant la joie, et pourtant le positivisme était mis à l’honneur. Je suis ressorti de ces deux jours de conférences reboosté. Ça fait plaisir de voir ce sujet être mis au premier plan et d’avoir l’occasion d’entendre les avancées de certains acteurs. Vivement l’année prochaine.

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