Cloud for good: s’engager pour la science avec le CREA Mont-Blanc
Le mécénat de compétences auprès d’une ONG, comment ça se passe ? Comment la posture de consultant et le devoir de conseil s’appliquent-ils dans le contexte particulier d’une association ? La compréhension en profondeur des enjeux métier, la capacité à travailler avec des interlocuteurs non techniques, la prise en compte d’un budget contraint, autant de spécificités qui font que l’accompagnement diffère de celui d’un client classique.
Avec Mathieu, Michaël et Gervaise, qui travaillent auprès du CREA Mont-Blanc sur différents sujets, nous faisons le point sur ce que cette collaboration représente pour eux, et ce qu’elle leur apporte sur le plan professionnel.
Célia, Responsable de la production et de la valorisation au CREA Mont-Blanc, travaille sur la vision globale et la coordination des besoins avec Devoteam Revolve. Comme elle nous l’explique, la relation a évolué au fil du temps :
“On développe maintenant des liens humains, là où avant on se focalisait sur l’opérationnel. Nous apprécions d’avoir une équipe où les personnes s’intéressent à nos sujets et comprennent les implications de notre travail et l’écosystème dans lequel nous évoluons.
Par exemple, le monitoring sur nos stations températures nous permet de déterminer le meilleur moment pour envoyer un technicien sur le terrain. Quand la station est à 2500 mètres, avec plusieurs heures de marche pour y accéder, cela a de l’importance. Cette compréhension transversale de nos sujets nous permet de mieux travailler ensemble : donner les bonnes informations, le bon niveau de détail du projet, la façon dont circulent les données, permet aux consultants de faire les bons choix techniques. C’est d’autant plus important que nos jeux de données sont ensuite partagés à d’autres structures, des ONG ou des étudiants.”
Crédit photos : CREA Mont-Blanc
La quête du sens et de l’utilité
Les consultantes et consultants qui accompagnent le CREA Mont-Blanc ont en commun cet intérêt pour l’activité de l’association, et l’envie de s’impliquer dans un projet éthique. Mathieu, qui travaille aux côtés de l’association depuis 4 ans, nous explique ses motivations :
“C’est un projet qui a du sens pour moi, et où mes actions ont un impact direct. Je sais que mon travail aide les membres du CREA, et ça m’apporte beaucoup de contribuer à leurs actions.
D’un point de vue général, je dirai que cette expérience m’a permis de mieux comprendre les actions du CREA, les différentes façons d’étudier la faune et la flore, quel usage ils font des différentes informations, et quelle aide à la décision ils apportent aux partenaires publics locaux. Les données recueillies servent aussi à faire comprendre les enjeux au grand public et à faire de la science participative.”
Pour Michaël : “Accompagner un ONG donne du sens à ce que l’on fait. C’est plus simple de se projeter sur une finalité que l’on comprend, plutôt que de faire la migration d’un ERP dont on ne connaît pas les enjeux métier. Là, non seulement on est directement en contact avec les utilisateurs finaux, ce qui est rarement le cas dans mes missions habituelles, mais on comprend aussi l’impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes.”
Dans le cas de Gervaise, le fait de participer à une bonne cause a évidemment joué un rôle dans son implication. Mais c’est aussi la passion des sciences, et l’envie de contribuer à ce projet de science participative, qui lui a donné envie de travailler avec le CREA. Travailler avec une ONG dans un cadre de mécénat est évidemment très différent du cadre d’un client classique. Pour Gervaise, qui a été responsable informatique d’une association, ce n’est pas complètement nouveau :
”C’est un contexte où nos interlocuteurs sont souvent débordés, et où les besoins ne sont pas toujours exprimés de manière classique. Le devoir de conseil se pose alors plus fortement, il faut proposer plus que ce qu’on fait habituellement dans le cadre d’une prestation. On est vraiment dans la co-construction, cela demande à la fois de la pédagogie, un travail d’explication des différentes solutions Cloud, et de la méthode.
Il est également valorisant de contribuer de bout en bout sur un projet plutôt que d’être spécialisé sur un domaine.”
Les challenges techniques et l’apprentissage
Au-delà du sentiment d’œuvrer pour la bonne cause, l’engagement auprès du CREA apporte aussi beaucoup sur le plan professionnel. Comme nous l’explique Mathieu :
“Cette expérience m’a apporté de la maturité. Chaque décision que je prends a un impact pour le CREA et son budget, et je dois challenger les besoins à la fois pour maîtriser le budget (finops) et l’impact de l’usage des ressources (greenops). Pour trouver la meilleure optimisation, le meilleur compromis entre tous ces paramètres, il faut une compréhension en profondeur du besoin. Par ailleurs, comme le client ne va pas me challenger techniquement, je dois pouvoir vulgariser les actions, faire comprendre la complexité ou le temps nécessaire à certaines modifications, expliquer aussi la part du travail qui est “invisible”, et qui pourtant consomme du temps. Enfin, le besoin d’évaluer le coût de chaque ressource, y compris son coût de maintenance, oblige à bien comprendre les limites des services utilisés.”
Cette nécessité de délivrer la meilleure solution possible tout en optimisant les coûts est aussi soulignée par Michaël :
“On a à la fois une grande liberté dans le choix des solutions, et une contrainte forte sur le budget. J’essaie de construire l’infrastructure la plus efficace pour le moins cher possible, c’est un challenge intéressant. Cela amène parfois à concevoir une solution spécifique, par exemple dans la détection d’image, plutôt que d’utiliser Sagemaker, assez coûteux, nous avons re-développé des fonctionnalités équivalentes. Cela m’a permis d’approfondir l’usage de certains services comme Step Functions et faire une automatisation assez avancée. Dans le cas d’usage du traitement des températures, cela permet d’intégrer de façon automatisée de nouveaux indicateurs plutôt que de développer une nouvelle fonction.
Pour donner l’exemple d’une autre problématique liée aux données, nous avons préféré utiliser Aurora Serverless plutôt que RDS pour traiter du SQL, là encore pour une question de coûts. On arrive maintenant aux limites de ce service, et j’étudie une autre solution pour requêter directement sur S3. De fait, on essaie de trouver l’approche la plus pertinente sur le type de données à analyser, et sur quelles bases de données. Il y a tout un panel de solutions qu’il est intéressant d’explorer, mais cela prend du temps de trouver le meilleur rapport coût/efficacité.”
Gervaise intervient sur la collecte et le traitement des températures. Ce sont des sondes placées un peu partout sur le massif du Mont-Blanc, et qui envoient des données permettant de mesurer les températures afin d’observer le réchauffement climatique :
“Ce projet m’a permis de revenir au plaisir du pur développement « métier » en Python, une compétence que j’avais un peu mise de côté depuis que je me suis spécialisée dans le devops pour le Cloud.”
Et ensuite ?
De nombreux sujets sont en cours de développement, ou à l’étude, pour 2023. Sur le plan technique, le traitement des données sur les animaux et sur les températures va converger vers un même support, Amazon S3.
Plus globalement, l’équipe poursuit l’objectif de tirer parti de la scalabilité et du paiement à l’usage y compris pour les besoins les moins réguliers de l’association. Également, en complément du FinOps, une approche GreenOps va permettre de piloter l’usage des ressources Cloud de façon plus responsable, en estimant leur impact carbone. Enfin, la perspective de rendre certaines données du CREA Mont-Blanc accessibles en Open Data…
Pour en apprendre plus sur le CREA Mont-Blanc et ses activités, retrouvez-nous au Summit AWS le 4 avril prochain !
15′ au cœur du Mont-Blanc – Faire dialoguer Tech & Environnement, par Célia Bonnet-Ligeon (CREA Mont-Blanc) et Mathieu Roudaut (Devoteam Revolve), qui vous présenteront 5 années d’un partenariat technologique au service de la transition écologique et de la science participative.
Les consultantes et consultants engagés auprès du CREA seront également présents sur notre stand, alors n’hésitez pas à passer nous voir.