AWS Summit Paris 2022 : retour sur la keynote
Après deux années marquées par la pandémie, le retour du Summit AWS en présentiel à Paris est un événement. Plus de 9000 participants ont répondu à l’appel d’un programme riche de 130 sessions, dont 50 étaient dédiées à des témoignages client. Pour de nombreuses entreprises, les deux années passées ont soulevé des challenges sans précédents, et en réponse certaines ont accéléré leur transformation digitale grâce au Cloud AWS. The Fork, CMA-CGM, Airbus ou encore Stellantis : 4 grandes entreprises françaises ont partagé leur expérience sur AWS et les bénéfices qu’elles en ont retiré, avec cette année un focus particulier sur la sécurité des échanges et la décarbonation de leurs activités.
C’est Julien Grouès, Directeur Général d’AWS France, qui a eu l’honneur de démarrer la keynote d’ouverture. Comme il le souligne, les deux années passées ont changé nos manières de nous déplacer et de travailler. La pandémie a accéléré la transformation numérique dans tous les secteurs, et un grand nombre de ces changements seront selon lui la base d’innovations futures. Il y a eu une distorsion du temps : ce qui prenait des mois à réaliser peut maintenant être fait en quelques semaines. Les entreprises qui ont saisi cette occasion pour accélérer la mise en place de nouveaux outils sont aujourd’hui plus sécurisées et plus prêtes à affronter l’imprévisible. Elles doivent faire face à un triple pression : la concurrence des nouveaux entrants sur le marché qui ont immédiatement adopté les nouvelles technologies et saisi des parts de marché, la concurrence des acteurs historiques qui ont elles aussi accéléré leur transformation, et la pression de leurs clients, plus exigeants sur la qualité et la continuité des services.
Cas client : The Fork
L’application The Fork est présente dans 12 pays, elle propose 60 000 restaurants, et compte 20 millions de visites par mois. Leader de la réservation de restaurants en ligne, en Europe et en Australie, The Fork appuie sa croissance technologique sur une équipe de 130 développeurs et 20 DevOps, qui fournissent deux applications, l’une destinée au client final pour réserver son restaurant, l’autre aux restaurateurs pour gérer leurs réservations et leur plan de salle.
Pour continuer sa croissance, l’entreprise doit répondre à trois enjeux principaux : la scalabilité, avec un trafic irrégulier et ponctuel, très dépendant des jours de la semaine, du weekend, ou de la météo; la résilience du service ; enfin, la capacité d’innovation, pour proposer de nouveaux services comme The Fork Pay, afin de régler directement son addition sur l’application.
Stephen Jannin, directeur de l’ingénierie de la plateforme chez The Fork, illustre ces enjeux de scalabilité en prenant exemple sur l’incident survenu le 14 février 2020. A cette époque, l’application est impactée par un changement dans le comportement des moteurs de recherche qui viennent aspirer le site à 19h, exactement à l’heure de pointe des consommateurs. Comme l’application est encore hébergée sur des serveurs privés avec une capacité fixe, The Fork subit un incident de plus de 2 heures, avec une expérience dégradée pour les clients ou les restaurateurs. Un mois plus tard, le confinement stoppe brutalement l’activité des restaurants, et donc celle de The Fork. L’équipe se mobilise alors pour préparer la réouverture et revoir sa stratégie de migration sur le Cloud AWS.
La migration a été initiée un an plus tôt en mode best effort, avec une modernisation de l’infrastructure autour des conteneurs et un orchestrateur Kubernetes managé. Le choix est donc fait de profiter du confinement pour accélérer fortement le rythme de migration, et l’équipe s’engage dans le plan Migration Acceleration Program avec AWS. 4 mois plus tard, The Fork a migré plus de 80% de sa production sur AWS, et l’entreprise est prête pour la réouverture des restaurants. Les bénéfices de cette nouvelle infrastructure sont un gain de temps de réponse de 30%, une meilleure adaptation au trafic avec l’auto-scaling, qui peut doubler la capacité toutes les 2 minutes pour s’adapter aux pics, et une diminution de 50% des efforts de maintenance grâce aux services managés.
Aujourd’hui, The Fork travaille continue de moderniser son infrastructure, afin d’améliorer ses process de release, de pouvoir mettre en place des environnements à la demande pour les développeurs et d’optimiser ses coûts, notamment via les instances réservées ou les instances spot.
Sécurité, conformité et… neutralité carbone
Protéger les données dans tous les échanges : selon Julien Grouès, la croissance des attaques ces deux dernières années a fait de la sécurité une préoccupation majeure pour l’ensemble des clients. La localisation des données et la conformité également, et AWS a fait plusieurs annonces récemment pour couvrir ce point, en s’engageant notamment à contester une demande d’accès d’entités gouvernementales lorsque celle-ci est en conflit avec le droit de l’Union Européenne. Julien Grouès annonce également que 52 des services AWS sont conformes au code de conduite CISPE, qui s’adresse aux fournisseurs d’infrastructure Cloud sur le territoire de l’Union Européenne, et qui a été approuvé par la CNIL.
L’urgence climatique est également à l’agenda : selon Julien Grouès, AWS s’est engagé à respecter les accords de Paris avec 10 ans d’avance, avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040, et 100% d’énergie renouvelable d’ici 2025. Pour ce faire, l’entreprise a développé 34 projets d’énergie renouvelable dans le monde (notamment une ferme solaire à Prechac, en France), et ses datacenters sont conçus de manière à accroître leur efficacité énergétique en fonctionnement. D’après une étude de 451 Research, l’infrastructure AWS est cinq fois plus économe en énergie qu’un datacenter moyen d’une entreprise européenne.
Cas client : CMA CGM
566 navires, 4 avions et des camions : avec 130 000 collaborateurs partout dans le monde, CMA CGM est un leader mondial dans les transports et la logistique de conteneurs pouvant contenir jusqu’à 28 tonnes de marchandises. Kaynaz Behdine, Directrice de la transformation Cloud, revient ici sur les raisons du choix du Cloud. Le marché des transports évolue sans cesse, il est soumis à des facteurs extérieurs comme la géopolitique, la météo, le coût des carburants, ou la réglementation, d’où le besoin d’innover pour apporter de la qualité à ses clients et partenaires grâce à une adaptabilité accrue.
Le voyage vers le Cloud a commencé en 2018 par la migration de l’application de reporting financier sur AWS. CMA CGM a ensuite migré ses workloads régionaux, puis tous ses workloads SAP, une stratégie qui a permis de générer 70% de gains sur les activités qui étaient réalisées manuellement dans les datacenters, et qui a accéléré les possibilités de mise en production des nouvelles applications. Aujourd’hui, toutes les applications éligibles vont être migrées vers AWS et le groupe se prépare à la fermeture de ses datacenters. Parmi les réussites citées, la mise en production en quelques mois d’une application de quotation instantanée destinée aux clients, ou le déploiement d’Amazon Connect pour répondre aux contraintes du confinement des agents en Australie.
Le Cloud a aussi apporté la possibilité d’incuber, de tester et de créer, avec notamment l’ouverture en 2013 de Tangram, un espace dédié au transport et à la logistique de demain, et ouvert aux collaborateurs de CMA CGM, aux chercheurs, aux étudiants, etc. L’entreprise a également lancé en 2022 son Academy dédiée à la formation sur le Cloud, avec la création de communautés de pratiques, afin de répondre à ses besoins de compétences.
Cas client : Airbus
On reste dans le secteur des transports avec Airbus, qui à la suite du Covid a dû relever deux enjeux majeurs. Comme l’explique François Legac, Head of Cloud chez Airbus, le premier objectif a été de pouvoir continuer à livrer et d’augmenter les cadences de production. Second objectif, ouvrir la voie à la décarbonation.
Le groupe Airbus s’est lancé sur le Cloud AWS en 2018, un choix motivé par la position de leader sur le marché d’AWS, et par la flexibilité proposée sur les coûts sans engagement de volume. La migration du legacy est alors décidée, dans un contexte de stabilité opérationnelle. Le premier driver de l’adoption du Cloud est ici le critère de coûts. De nouveaux services sont développés, comme Skywise, plateforme Serverless de Data analytics destinée aux compagnies aériennes et aux fournisseurs, qui a été développée en Serverless.
François Legac cite également la plateforme IoT et l’application de tracking des composants d’assemblage grâce à des capteurs GPS. L’application a été refactorée pour le Cloud AWS, presque à 100% Serverless, avec comme bénéfices une amélioration de la performance, l’intégration de beaucoup plus de capteurs (17 000 capteurs à ce jour), et 27% d’économie sur les coûts. Dernier exemple, l’application My Airbus Delivery, également Serverless, qui fournit aux compagnies aériennes des informations en temps réel sur l’inventaire, la logistique et la livraison des appareils.
Trois exemples qui montrent pour Airbus l’importance des services managés et du Serverless dans un contexte de transformation digitale. Outre les gains sur les coûts, cette stratégie a également permis de gagner en agilité avec des projets livrés en 3 mois au lieu de 24, et la facilité de passage sur des nouvelles stacks technologiques. François Legac cite également les bénéfices de scalabilité, mais aussi la sécurité : le Cloud AWS leur a permis de mettre en oeuvre des niveaux de sécurité qui seraient beaucoup plus complexes à déployer dans des datacenters classique, comme la ségrégation des réseaux et des comptes, ou le chiffrement par défaut.
Le passage sur le Cloud a également donné l’accès à des données significatives pour faire de l’analytics : comme l’a ensuite souligné Sébastien Stormacq, la modernisation de l’infrastructure est un pré-requis pour une stratégie Data réussie. Stellantis, le géant de l’automobile, fait ainsi usage de la data et de l’intelligence artificielle pour analyser son parc de véhicules connectés, et exploiter ces données pour concevoir la voiture électrique de demain.
Voilà pour les grandes lignes de la Keynote d’ouverture ! Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour d’autres articles consacrés aux sessions du Summit AWS.