Le mécénat de compétences, une solution aux besoins Data de l’association Share Ami
Changer le regard sur la vieillesse, c’est la mission de l’association Oldyssey. Après un tour du monde consacré à la découverte d’initiatives autour de la place des personnes âgées, l’association qui vise à déconstruire les préjugés, a lancé un nouveau projet de rapprochement intergénérationnel.
Share Ami a pour objectif de mettre en relation des personnes âgées isolées avec des jeunes souhaitant apprendre le français. Pendant trois mois, les binômes ainsi formés pourront mener des conversations en visio… avec l’aide de l’IA d’un algorithme de matching. Dans les coulisses techniques de ce projet, le mécénat de compétences de la Fondation Devoteam a permis à l’association de rapprocher seniors et apprenants avec plus de facilités.
L’initiative Share Ami a plusieurs objectifs. Pour les seniors, briser l’isolement mais également leur redonner un sentiment d’utilité et les inciter à utiliser les outils numériques. Les personnes âgées ont beaucoup à transmettre, et Share Ami leur donne cette opportunité en fournissant un espace pour cette transmission.
Pour les apprenants, c’est la possibilité d’améliorer son français, de découvrir la culture et le patrimoine, tout en créant des liens intergénérationnels. Comme nous l’explique Anne-Lou, responsable du développement Share Ami :
La donnée au coeur de la mise en relation
La mise en relation entre seniors et apprenants repose sur le matching des données. Or, avec la croissance du projet, Share Ami doit composer avec une base de données dont l’exploitation se révèle difficile. Les champs sont trop nombreux, certaines données sont inutiles, et l’association souhaite faciliter les matchings à l’aide de l’IA. L’idée est de développer une solution dite d’optimisation combinatoire permettant de faire correspondre automatiquement des critères comme la langue ou l’ancienneté, afin de faciliter le travail de mise en relation de l’association.
Comme Anne-Lou le précise :
“Depuis le début du projet, les champs avaient beaucoup évolué. Le matching était basé sur un tableau croisé dynamique qui était difficile à lire et qui ne nous permettait pas d’évaluer les priorités des binômes. L’objectif de la solution était de visualiser directement une dizaine d’apprenants pouvant matcher avec un senior, et d’effectuer le choix du matching sur cette base. Nous souhaitions garder la décision du côté de l’humain, et cette première sélection par l’IA nous a fait gagner beaucoup de temps.”
A ce jour, Share Ami a formé 400 duos, dont plus de 200 sont toujours en cours.
Le mécénat de compétences pour répondre aux besoins Data
L’association manque cependant de ressources et de compétences pour mener ce projet, et sollicite donc la fondation Devoteam pour faire le point sur ces besoins.
Mohammed Dahi, Data Scientist chez Devoteam Revolve, est alors sollicité pour apporter ses compétences en data, en base de données et en développement : il faut extraire les données, réorganiser la base de données puis développer un outil de matching en Python, qui crée des duos Senior-apprenant et leur attribuer un facilitateur selon les disponibilités et différents critères de profil.
L’équipe projet se constitue autour d’Anne-Lou, de Mohammed et de Farid, alternant en formation IT chez Share Ami. Anne-Lou assure le pilotage du projet, et Farid est en charge du suivi au quotidien et des échanges avec Mohammed, qui se font le plus souvent sur Slack.
Dans un premier temps, Mohammed établit un cahier des charges et prend le temps d’approfondir le contexte du projet afin de pouvoir faire les bons choix techniques. Comme nous l’explique Mohammed :
“J’avais beaucoup de latitude dans le choix de l’organisation de la base de données et le déploiement de la solution. Mon objectif était de faciliter au maximum la tâche de l’équipe en livrant une solution qui puisse être maintenue facilement et à faible coût, avec des technologies open source. Nous avons travaillé dans une approche 100% agile, avec de nombreux échanges avec l’équipe utilisateurs. Ceci m’a permis d’adapter au mieux le produit, et parfois aussi de proposer des fonctions supplémentaires.”
Le développement du projet se fait en Python,avec une base Air Table.
Les bénéfices communs du mécénat de compétences
Pour Mohammed, junior dont c’est le premier CDI, la collaboration avec Share Ami est une belle opportunité pour gagner de l’expérience. Pour la première fois, il a la responsabilité de l’ensemble des choix techniques du projet, et il découvre également la gestion de projet sur laquelle il apprend beaucoup :
“Cette expérience m’a permis de découvrir la gestion de la relation avec le client, dans un mode d’organisation agile. J’ai gagné en confiance petit à petit et je pense que cette expérience me sera très utile lors de mes prochaines missions. J’ai vraiment eu envie d’apprendre des choses dans le contexte de cette association, de pouvoir les soulager d’une partie du travail sur les données. Être en mesure d’aider les gens concrètement est très satisfaisant. J’ai découvert des personnes géniales, qui étaient contentes de la solution développée, et j’ai eu beaucoup de satisfaction à participer à quelque chose d’utile. J’ai acquis des compétences que je vais pouvoir réutiliser, notamment sur la relation entre consultant et client, et sur comment convaincre auprès d’un auditoire non technique.”
Du côté de l’association, le projet s’est déroulé de façon fluide :
“Mohammed nous prévenait en amont de ses besoins, des personnes à impliquer. Avec Farid, ils ont mis en place des points réguliers, avec une bonne communication au bon moment. L’application livrée à la fin du projet a bien répondu à nos besoins, avec un code facilement modifiable, clair, bien organisé, avec des commentaires aux bons endroits, pas de complexité superflue.
Mohammed nous a expliqué comment il construisait son code, les raisons derrière chaque choix, par exemple l’organisation de champs pour améliorer la vitesse de l’application. Nous avons apprécié la pédagogie de cet accompagnement, qui nous a permis de nous approprier facilement l’application. Mohammed a également fourni une documentation, nous pouvons maintenant facilement apporter des modifications, et l’application peut être utilisée par des personnes non techniques. Nous avons maintenant un outil clé en maison, open source, qui est à la hauteur des ambitions de notre projet.”