Comment la SEDE Veolia améliore les opérations de valorisation des déchets avec le Cloud AWS et l’IoT
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Dans le cadre de la migration Move 2 Cloud du groupe Veolia, la SEDE, filiale spécialisée dans le traitement multifilières des déchets organiques et minéraux, a migré l’ensemble de ses applications métier sur le Cloud AWS. Gilles Bonidal, directeur des systèmes d’information de la SEDE Environnement, répond ici à nos questions sur le contexte et les bénéfices de cette migration, et détaille le programme spécifique à la Data, avec la création d’un Datalake et le traitement des données issues des machines mobiles avec AWS IoT Core.
Directeur des systèmes d’information de la SEDE Environnement, Gilles Bonidal couvre un large périmètre : applications, réseau, serveurs, ICS, Mobilité, Support, Projets… Avec une équipe de 12 personnes, il est en charge du maintien en condition opérationnelle des systèmes legacy et de l’application de la roadmap Move 2 Cloud et Digitalisation.
Pouvez-vous présenter le contexte de la migration sur le Cloud ?
SEDE est une filiale de Veolia et le Move 2 Cloud est une trajectoire globale du Groupe. Néanmoins, chaque entité détermine à quelle vitesse aller sur le Cloud, et pour la SEDE le Cloud est une véritable opportunité. Nous sommes en effet une petite structure avec relativement peu de ressources et donc peu de compétences sur les datacenters, ainsi passer sur le Cloud nous permet de nous affranchir des contraintes de la gestion de notre datacenter.
Nous avons souhaité profiter de cette opportunité pour prendre un virage et permettre d’augmenter la résilience de nos infrastructures. Il ne s’agissait pas d’une logique de coût, mais d’une logique de disponibilité et de sécurité. Notre contexte industriel ne nous permet cependant pas de passer dans le Cloud la totalité des machines : nous avons de nombreux automates, et leur pilotage nécessite une logique au plus proche des machines-outils.
Quelles applications et données sont externalisées sur le cloud?
Notre ERP est maintenant en SAAS et nous migrons progressivement toutes nos applications métiers dans le Cloud AWS. Nous n’avons pas fait le choix d’une migration en lift and shift : les applications sont refactorées pour le Cloud. Par exemple, notre application métier historique, a été portée sur AWS.
Après ce projet nous avons commencé à migrer de plus petites applications, qui sont également adaptées pour tirer parti du Cloud AWS. Les services managés nous permettent d’alléger considérablement la charge de suivi de l’applicatif. OS, sécurité… tout est beaucoup plus simple une fois qu’on a migré. Par exemple sur notre plateforme Alfresco, nous n’exploitons rien en dehors de la couche applicative. Et pour les nouveaux projets, le cahier des charges demande de privilégier les services Amazon plutôt que du IaaS.
Quelles sont vos contraintes et comment le Cloud vous permet d’y répondre?
La SEDE est un ensemble de sociétés, dont la SEDE France et la SEDE Benelux sont les plus importantes. Sur les trois entités principales, nous avons une dizaine de métiers différents, et autant d’applications et de besoins différents. Nous gérons de nombreux applicatifs destinés à des populations très variées, et qui travaillent sur des lieux où la disponibilité du réseau n’est pas un point fort. Pour un environnement Cloud, c’est une contrainte forte. Nous avons donc dû adosser notre migration à un projet de SDWAN pour tirer parti du meilleur réseau possible localement : nos sites sont connectés en fibre, 3g, ou satellite.
Le Cloud apporte à nos utilisateurs la facilité de pouvoir travailler de manière sécurisée, n’importe où, n’importe quand et depuis n’importe quelle machine sur toutes les applications dont ils ont besoin. Pour nous, c’est un changement technique qui facilite les opérations et pour les utilisateurs cela facilite le quotidien et augmente leur productivité.
Quels bénéfices avez-vous constaté depuis la migration ?
La résilience est évidemment un bénéfice, et le passage sur le Cloud a facilité le travail des équipes IT. Côté utilisateurs, les populations itinérantes, qui représentent une large part des effectifs, ont constaté un gain d’accessibilité : leur application est disponible quelle que soit la machine.
Comme les applications ont été entièrement refactorées, cela se ressent aussi en termes de fonctionnalités, d’ergonomie et de performance. Nous avons quitté l’écosystème Citrix pour proposer à nos utilisateurs une expérience qui corresponde mieux à leur usage personnel. Proposer des applications Web/smartphone plutôt qu’une application Windows lourde garantit une meilleure adhésion des utilisateurs. Par exemple, pour notre système de cartographie nous sommes passé d’un client sous Windows 95/98 à un SIG web accessible depuis un smartphone ou une tablette.
Avoir une interface user friendly devient aussi un argument de vente. Avant, nous n’osions pas travailler avec nos clients sur notre application. Aujourd’hui, on peut utiliser l’application, remplir un contrat et finaliser une vente aux côtés du client.
Cela nous apporte aussi des gains de productivité : là où nos employés devaient préparer les éléments à l’avance, aller sur le terrain, puis prendre des notes à saisir lors de leur retour au bureau, ils peuvent maintenant tout faire en ligne. Enfin en juin prochain, nous allons mettre en place un mode déconnecté, pour travailler sur le terrain même en zone blanche.
Vous avez également lancé un programme Cloud spécifique pour la Data ?
Le programme Data for business est notre second axe de cloudification. L’objectif est de centraliser toutes les données déjà acquises, et celles à venir, dans un datalake sécurisé grâce à une gestion fine des droits d’accès. Ensuite, nous traitons ces données et nous les utilisons pour produire des dashboards, et ainsi pouvoir exploiter la valeur de ces données.
Nous avons ainsi plusieurs programmes en cours, comme celui dédié au compostage, qui est notre métier historique. Cela nous permet d’avoir une vue transverse et multi factorielle sur nos plateformes de compostage : connaître le volume d’entrants, de sortants, le niveau de sécurité, et la performance, et ce site par site.
Comment le traitement de la data vous permet de prendre de meilleures décisions ?
Par exemple sur le métier de la méthanisation, nous utilisons des équipements très technologiques, les méthaniseurs, qui fonctionnent grâce à des opérateurs humains et doivent être supervisés en permanence.
L’acquisition de données permet une analyse en temps réel de tout ce qui se passe au niveau du méthaniseur. Nous remontons les données avec Amazon Greengrass, puis nous les transférons sur GCP pour nettoyage, enrichissement et stockage à des fins d’analyses.
Rappelons que l’objectif est de produire du méthane et de l’injecter dans le réseau gazier ou de le brûler afin de produire de l’électricité et de la chaleur. En optimisant le temps de réaction et le rendement, nous produisons plus de valeur.
Nous avons également un autre projet data pour l’entité UTL, sur lequel nous travaillons avec D2SI. L’entité UTL est spécialisée dans des chantiers nécessitant de déshydrater les boues récupérées. Ainsi cette entité utilise des machines mobiles de la taille d’un camion : des filtres presse, des filtres bandes ou des centrifugeuses. Les boues sont déshydratées sur place afin de ne transporter que les éléments à valoriser.
Ces machines mobiles sont amenées à se déplacer sur toute la France. L’objectif de la collecte de data en temps réel est de remonter toutes les données conditionnant le fonctionnement de l’engin. Nous avons ainsi 30 à 150 indicateurs par machine qui nous permettent d’assister l’opérateur pour piloter sa machine de la façon la plus efficiente.
Les données extraites sont envoyées dans AWS IoT Core, puis traitées par des services managés Elastic Search et Kibana. Nous avons privilégié cette solution car elle est facilement maintenable : notre parc est appelé à évoluer, et nous voulons pouvoir ajouter facilement des machines. Nous voulons aussi pouvoir monter en compétence et proposer plus de services.
Ce projet est piloté par D2SI, avec une collaboration des experts de la couche technique et ceux de la couche fonctionnelle : un expert AWS de la DSI, et un responsable métiers des équipes UTL, qui manipule ces données au quotidien. Nous intervenons en soutien de la prestation de D2SI pour prendre en compte nos contraintes d’export de données.
Ce mode de fonctionnement agile, avec un duo technique/fonctionnel nous apporte beaucoup de réactivité et nous permet de tirer pleinement parti des outils AWS. Nous sommes maintenant beaucoup plus réactifs.
Que vous a apporté l’accompagnement de D2SI sur ce projet ?
Nous avons eu affaire à des personnes réactives, impliquées et compétentes, avec une proximité à laquelle nous ne nous attendions pas. Les équipes de D2SI se sont déplacées sur Arras pour rencontrer nos équipes et lancer le projet, et nous ont apporté de vraies compétences sur le sujet, d’autant plus que les compétences sur Ewon et AWS IoT core sont rares sur le marché. L’équipe D2SI est compétente, disponible et a bien avancé en peu de temps. Nous avons apprécié cette capacité à mobiliser les équipes rapidement, et à obtenir des résultats à la hauteur de nos attentes. Le retour de nos équipes est aussi très positif : elles s’attendaient à un projet compliqué qui finalement se passe très bien.
Quels sont les facteurs de succès d’un tel projet sur le Cloud ?
Réussir ce type de projet n’est pas juste le fruit de l’action d’une DSI.
La confiance de la direction générale, qui a injecté des moyens et de l’énergie sur ce projet, a été très importante. Néanmoins l’élément primordial a été la synergie entre la direction des opérations, la DSI ainsi que le prestataire choisi. Ainsi chaque atelier, chaque réunion a été réellement opérationnelle et efficace, avec des résultats immédiats.
C’est un bon exemple de “quick win” sur un projet de petite envergure, mais qui va permettre demain à nos opérationnels de gagner un temps précieux.