Edit-a-thon : comment nous avons vaincu ensemble la peur de la page blanche
Produire des contenus éditoriaux n’est pas toujours simple, surtout quand ils sont destinés à s’inscrire dans la durée. Comme les colonnes de ce blog peuvent en témoigner, nous n’avons pas de difficultés à écrire régulièrement des articles, mais quand il s’agit de concevoir des contenus destinés au site Web, l’exercice est plus compliqué. Comment en effet synthétiser trois années d’évolution dans un contexte très agile, comment mettre à profit l’intelligence collective, bref comment traduire une vision sans tomber dans les travers d’une communication ronflante et vide de sens ? Nous avons répondu à cette problématique comme à beaucoup d’autres par l’expérimentation, en construisant un edit-a-thon, ou un hackathon d’écriture.
L’objectif de cet edit-a-thon était de nous réunir le temps d’une journée à l’extérieur de nos locaux. Nous avons fait le choix de nous réunir ailleurs que dans nos locaux autant pour limiter les perturbations du quotidien que pour créer une nouvelle alchimie en provoquant une rupture. “Make it happen” : un nouveau lieu, des intervenants issus de différents métiers (direction, avant-vente, RH, formation, innovation….) et un format expérimental, tels étaient les ingrédients de notre hackathon. A ce jour, nous avons conduit deux fois cette expérience d’écriture collective sur une journée entière.
Libérer l’écriture spontanée
Pour notre premier edit-a-thon, nous n’avions pas vraiment de planning pré-établi. Nous avons simplement commencé la journée par un rappel des objectifs, des contenus que nous voulions produire et de messages que nous souhaitions faire passer. Ensuite, nous sommes entrés dans le vif du sujet. Le premier obstacle à surmonter étant celui de la fameuse page blanche, j’ai proposé un exercice très simple visant à faciliter le processus d’écriture, un échauffement en quelque sorte. L’idée de cet exercice est de libérer la capacité d’écriture spontanée qui sommeille en chacun de nous, mais qui est bien souvent bridée par la peur du regard du futur lecteur. Comment ? A partir d’une phrase de départ, ici “Le vol avait duré 10 minutes”, on demande aux participants d’écrire en continu pendant 10 minutes, chronomètre en main ! Le résultat ne sera pas lu devant le groupe, il s’agit ici d’apprendre à écrire pour soi, en se laissant porter par le fil des idées, et si possible à y trouver du plaisir ! Après l’exercice, un rapide debrief a permis d’introduire la notion d’écriture spontanée.
Les trois temps de l’écriture
En technique d’écriture journalistique, on considère en effet qu’il faut respecter trois temps dans l’écriture. Le premier temps est celui de la récolte d’information : interview, prise de notes, éléments chiffrés, etc. Ces informations sont ensuite classées, hierarchisées. Le deuxième temps est celui de l’écriture spontanée. On écrit pour soi, ce n’est pas destiné à être lu, on essaie de trouver le ton juste, et surtout de limiter les perturbations : durant cette phase, on ne juge pas ce qui a été écrit. Enfin, le troisième temps est celui de la correction et de la validation : il s’agit de vérifier le message essentiel, les informations secondaires, la syntaxe, le rythme, etc. Nous avons donc abordé ces différentes notions avant de lancer les premiers sprints d’écriture. Pour plusieurs participants, cela a permis de désamorcer le stress de l’écriture : concevoir l’écriture en phases itératives, cela parle tout de suite plus à ceux qui pensent pas être littéraires dans l’âme. Pour continuer dans l’idée des itérations, nous avons donc organisé la suite de la journée dans un esprit agile, avec des sprints d’écriture de 20 à 30 minutes, suivis d’une phase de correction, chaque participant devant écrire sur un périmètre donné. Dans ce type d’exercice, il est également important de rappeler la bienveillance du groupe : oui, nous avons tous des doutes sur la qualité et l’intérêt de ce que nous écrivons, mais il faut savoir surmonter ses doutes, partager avec le groupe, parce que c’est en échangeant en confiance que nous progressons.
Écrire en sprints agiles
Si l’idée des sprints était bonne, nous n’avons cependant pas poussé la logique agile jusqu’au bout. Nous n’avons en effet pas pensé à la question de la taille des différents périmètres. Résultat, certains avaient des sujets plus complexes, plus volumineux à traiter. A l’issue de cette première journée d’écriture, nous avons donc décidé de plus structurer notre approche et de découper les périmètres en petits lots, plus adaptés à des sprints d’écriture de courte durée. Autre axe d’amélioration : mieux profiter de l’intelligence collective. Durant cette journée, nous avions travaillé ensemble…mais seuls ! Pour la seconde journée, l’objectif était donc de travailler différemment, en conservant le principe des exercices d’écriture et des sprints, avec de plus petits lots, en sans attacher un sujet à un intervenant. Si nous n’avons pas réussi à maintenir le rythme des sprints sur la longueur de la journée, nous avons cependant trouvé un mode de fonctionnement et d’écriture collective : certains formulaient une idée, d’autres l’écrivaient simultanément dans un Google Doc. Forcément, quand on écrit simultanément à trois sur le même document, il y a quelques collisions, mais cela nous a permis d’avancer rapidement. Et de vraiment mettre à profit l’intelligence collective. Par la reformulation et le questionnement, nous nous sommes mutuellement aidés à concrétiser nos idées.
Au final, la formule du hackathon d’écriture est encore “work in progress” : pour sa troisième itération, nous ferons probablement encore évoluer le rythme de la journée et le mode de fonctionnement collectif, mais en attendant ce moment, et celui où vous lirez ce qui a été produit durant ces journées, nous souhaitions partager cette expérimentation avec vous.
Retour vers l’écriture
Maria, de l’équipe RH, a partagé ses impressions sur ces deux journées d’écriture :
“A la fin de la première journée d’Edithaton, je suis sortie épuisée. J’avais l’impression d’avoir été lamentable. J’étais en charge de la page carrière et j’avais de nombreux points à traiter (apprentissage, agilité…). Lesquels aborder, dans quel ordre ? Je n’avais aucun recul. Entre les deux sessions, j’ai passé une matinée sur ma page que j’ai pu terminer plus sereinement.
A la fin de la seconde journée, j’avais retrouvé le sourire, je me sentais pleine d’énergie et de gratitude envers mes collègues. Pour chacun de nos contenus, tous ensemble, nous avons relu, corrigé et modifié – presque chaque phrase dans mon cas – dans un document partagé, pour arriver à un résultat presque publiable. Pour conclure, nous avons appris à travailler ensemble et nous avons réussi à délivrer. Nous avons même abordé des sujets dont nous n’aurions pas parlé dans d’autres circonstances. C’est une expérience à recommencer pour produire d’autres contenus.”