Retour sur AWS Summit Paris 2016
Micro-services, applications sans serveur, IoT, API, automatisation… le cloud AWS est au cœur de la transformation digitale et tous ces sujets sont moteurs dans cette révolution. Autant de sujets que nous portons au quotidien chez nos clients, il était donc naturel pour D2SI d’être présents lors de cet événement. Nous en profitons d’ailleurs pour remercier tous ceux qui sont venus nous voir sur le stand D2SI, et nous vous donnons rendez-vous en Octobre pour le TIAD, premier événement dédié à l’automatisation en France. Et maintenant, place au compte-rendu de la keynote d’ouverture.
Après une rapide introduction de Miguel Alava, Directeur Amazon Web Services, Gilles Babinet entre en scène. Président du Conseil national du numérique, Digital Champion de la France auprès de la Commission Européenne, président de Captain Dash… autant dire que Gilles Babinet multiplie les qualifications pour introduire le sujet de la transformation digitale. Un enjeu que les entreprises du CAC40 commencent tout juste à définir comme prioritaire : il y a deux ans encore, seulement 60% d’entre elles plaçaient la transformation digitale au cœur de leurs préoccupations stratégiques.
Pour illustrer le risque de désintermédiation porté par le numérique, Gilles Babinet cite le secteur de l’hôtellerie en exemple. Ce secteur a ainsi vu son réseau de distribution lui échapper avec l’arrivée de sites comme Booking, Expedia et autres. Les coûts de distribution qui étaient d’environ 10% sont passés à 17% ; cette industrie n’a pas su réagir face aux changements amenés par le numérique, et son résultat s’est effondré. À peine remis de ce choc, le secteur hôtelier a du faire face une seconde vague, avec l’arrivée de Airbnb. Avec plus de 80 millions de nuitées par an, Airbnb dépasse les plus plus grands réseaux hôteliers mondiaux. Et pourtant, Airbnb ne possède aucune chambre : c’est cela, la disruption digitale. Une menace, mais également une opportunité.
A contrario, General Electric a saisi l’opportunité, et ambitionne de devenir le premier groupe digital industriel mondial. Du secteur médical à l’énergie en passant par les réacteurs d’avion, chez GE le digital est partout. Son réacteur LEAP repose sur la data, avec environ 80 000 capteurs (à titre de comparaison, un moteur de voiture en compte 2000), qui permettront de récolter des données sur les paramètres de vol, d’optimiser le supply chain, d’améliorer le versionning… la data révolutionne le business modèle du réacteur.
Plateforme VS ERP : c’est en ces termes que Gilles Babinet résume la révolution digitale. D’un côté la distribution unifiée des données et la vélocité, de l’autre le fractionnement. L’ERP a été bâti sur des paradigmes qui étaient valables quand le coût de mobilisation de la donnée était élevé. Or, d’après Gilles Babinet, en 17 ans le coût de mobilisation de la donnée s’est effondré d’un facteur 70 000. Et pourtant, on continue à concevoir des systèmes d’information basés sur la rétention des données, sur l’appropriation localisée des données. Au contraire, la plateforme, en se reposant sur les API, permet une distribution unifiée et industrialisée des données et ce faisant, casse les silos et crée des modèles « plates ». Cela modifie en profondeur les individus et les organisations, en passant d’un management verticalisé au management de demain. Bientôt, le management du 20ème nous paraîtra aussi anachronique que les forges du 19ème siècle. Ce nouveau type d’organisation favorise la co-innovation et l’agilité, et réduit les boucles de rétro-action grâce à la data. En un mot : l’entreprise devient agile. Ce concept d’agilité est au cœur de la révolution digitale et des processus de développement.
Si vous êtes fiers de votre produit le jour où vous le lancez, c’est que vous l’avez lancé trop tard
Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn
Aujourd’hui nous ne concevons plus les produits de la même façon : le trial and error est devenu une norme. Alors comment s’adapter, et réussir cette transformation digitale ? De son expérience, Gilles Babinet retient trois leçons fondamentales :
- Il n’y a pas de transformation digitale sans une volonté absolue du management. Parce que l’on change la nature même de l’entreprise, parce qu’il ne s’agit pas d’une révolution technologique, mais d’une révolution systémique.
- Il n’y a pas de réussite possible sans embarquer l’ensemble de l’entreprise, et notamment le front desk. Par leur capacité à créer de la data, à coopter, tous ceux qui sont en contact avec le client sont des atouts précieux dans cette transformation. Dans cette optique, la formation devient un enjeu fondamental.
- La révolution digitale s’exprime en deux temps : le temps long (la transformation technologique, le passage de l’ERP à la plateforme), et le temps court, celui des petites expérimentations. C’est l’articulation et l’équilibre entre ces deux temps qui garantit la réussite.
Pour terminer, Gilles Babinet fait un parallèle avec la révolution industrielle, dont les grandes inventions sont apparues 30 ans qu’on voit les signes de la révolution en tant que telle ; il a fallu attendre encore 20 ans avant qu’elles ne portent réellement leurs fruits. Si l’on prend la création du TCP/IP (en 1973) comme point de départ de la révolution digitale, alors nous entrons maintenant au cœur de la révolution digitale : réussir cette transformation est un enjeu que nous devons relever collectivement.
Cloud has become the new normal
C’est devenu le mantra de Werner Vogels depuis le Summit 2015 : le Cloud, c’est la norme, l’évidence pour les systèmes d’information actuels. Pourtant, conscient de la nécessité d’évangéliser une partie de l’auditoire du Summit, Werner Vogels entame sa keynote en revenant sur les bénéfices du passage au Cloud public. La fin des engagements à moyen/long terme, du capacity planning… pour enfin payer uniquement ce qui est consommé. Mais c’est la capacité de réaction rapide du Cloud qui le plus impacté le business et fait le succès du Cloud. Pour les entreprises, le Cloud permet d’innover, d’optimiser son infrastructure et de développer de nouveaux marchés… et quel meilleur acteur qu’AWS pour opérer ce voyage dans le Cloud ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et Werner Vogels ne se prive pas de les citer : d’après Gartner, AWS a 10 fois la capacité de tous les autres acteurs du Cloud réunis. Les grandes entreprises font confiance à AWS, 80% des entreprises du CAC40 utilisent AWS… Werner déroule les slides en bon vendeur. Des start-up aux entreprise du secteur public, AWS affiche le plus gros portefeuille client.
Ceci étant dit, on peut se concentrer sur l’essentiel : la transformation digitale, qui est une question de survie. Werner Vogels cite en exemple les banques et institutions financières, aujourd’hui concurrencées par les Fintech. Le Cloud ayant démocratisé l’innovation, elle n’est plus limitée à ceux qui ont les moyens d’accéder aux meilleures ressources IT. Aujourd’hui c’est la capacité des entreprises à réagir rapidement qui conditionne leur survie; toutes doivent avancer au même rythme qu’une start-up. C’est l’un des aspects de l’agilité citée par Gilles Babinet, mais cela ne s’arrête pas là. Travailler de façon agile suppose d’évoluer par itérations, de livrer de plus petits lots et à privilégier la simplicité à la complexité. Werner Vogels cite la loi de Gall : tous les systèmes complexes qui fonctionnent sont des évolutions de systèmes simples. Si on veut construire un système complexe, il faut commencer par un système simple et l’améliorer. Une logique complètement en accord avec la philosophie des micro-services et des nouvelles infrastructures.
AWS et l’Open Data
L’Open Data est un sujet qui a le vent en poupe, et quoi de mieux pour intéresser l’auditoire qu’un exemple local, celui de la Vile de Paris ? Awa Ndiaye, chef de projet Open Innovation à la Ville de Paris commence par citer quelques chiffres issus de l’Open Data pour situer le contexte : Paris, c’est 2 millions d’habitants, 178 000 candélabres, 90 000 arbres, 2000 abribus, 100 stations Vélib’… et 1 seul panneau stop ! Étonnant, non ? La démarche Open Data a été lancée en 2011, et pour pour objectifs de donner plus de pouvoir au citoyen, de créer un dialogue avec la ville de Paris, d’offrir de la transparence et bien sûr de favoriser l’innovation. Et comme le Cloud, l’Open Data est démocratique, elle met sur un pied d’égalité petites et grandes entreprises.
Aujourd’hui l’Open Data à Paris représente 48 millions d’engistrement, 172 jeux de données et 1,5 millions de téléchargement. Après avoir lancé sa première plateforme, la Ville de Paris a rapidement décidé de passer à une version 2 basée sur OpenDataSoft, de manière à disposer d’une plateforme en mode SaaS. Cette plateforme répond à des besoins de modularité, d’agilité et de démarche itérative. L’API garantit son accessibilité, et des outils de visualisation permettent à tout un chacun d’avoir un point d’entrée sur les données. La plateforme permet de publier des données statiques ou en temps réel (comme les données issues du Vélib‘). L’espace public est aussi une source de données : des capteurs ont été disposés Place de la Nation afin d’enregistrer les flux (piétons, vélos, voitures, camions…), d’évaluer le niveau gaz émis et la pollution, et ces données serviront à réaménager la place, de façon à ce qu’elle soit plus adaptée aux usages.
Une implantation Direct Connect à Paris
Werner Vogels reprend la main pour lâcher la première vraie annonce du Summit, l’ouverture dans les prochains mois d’une implantation Direct Connect à Paris. L’infrastructure de ce service qui offre une connexion réseau dédiée des entreprises vers AWS devrait être hébergée chez un des partenaires d’AWS. Deuxième et dernière annonce, celle de l’extension de la capacité de son service Snowball, son offre de transfert de très gros volumes : Snowball passe de 50 Go à 80 Go.
Enfin, AWS étant plus souvent associé au monde de l’infrastructure qu’à celui du développement, une partie de la keynote a été consacrée à ce sujet et aux outils mis à disposition des développeurs. L’agilité étant au cœur du développement et des tests, AWS vise à faciliter le travail des développeurs et ainsi réduire le time to market. Après la présentation du CTO de Teads, entreprise française leader dans la vidéo native, Werner Vogels en profite pour revenir sur les nombreuses applications mobiles faisant confiance à AWS : Tinder, Supercell, Slack, Le Fiagro, Etsy, Airbnb… et présenter AWS Device Farm, un service de test d’applications sur smarphones et tablettes dans le Cloud AWS.
Dans un prochain article, nous reviendrons sur les présentations de l’après-midi, et notamment celles consacrées à Serverless et l’IoT.