Interview Jérôme Labat : L’IT plus que jamais au coeur du business
Si les capacités d’apprentissage en continu et l’adaptabilité sont des qualités primordiales pour le consultant IT de demain, il ne faut cependant pas perdre de vue l’essentiel, qui est de proposer des services innovants au business. Jérôme Labat, Global CTO HP Software, nous livre ici son point de vue sur l’évolution du marché et celle des métiers de l’IT.
Actuellement CTO chez HP Software, Jérôme Labat a été au préalable Vice Président chez Intuit, où il a mené la transformation vers le Software as a Service. Jérôme Labat est intervenu lors du TIAD sur le thème « Comment optimiser le legacy IT et se préparer à l’avenir ».
Quels sont les freins dans la transition vers un nouveau modèle ?
Pour reprendre l’expression anglaise “People, process and technology”, c’est clairement l’humain qui est le frein le plus important dans cette transformation. Les gens peuvent se sentir menacés par cette évolution et se demander où va leur métier. Cela suppose de mettre en œuvre une politique de gestion du changement, de pouvoir communiquer la vision derrière cette transformation. C’est pour cela qu’il est essentiel de ramener le sujet vers la question du besoin du métier : comment le business doit-il évoluer pour faire gagner des parts de marché à l’entreprise ?
Dans ce contexte, le rôle de l’IT est d’accompagner et aider cette transformation du métier. Cela suppose que l’IT se transforme également. Jusqu’à aujourd’hui la pression était telle que les consommateurs des services IT externalisaient certains besoins sans même passer par l’IT. Cela peut représenter des risques pour l’entreprise. Aujourd’hui, la transformation du métier suppose une transformation de l’IT en interne. Et il ne s’agit pas uniquement de technologie.
Comment gérer cette transition et notamment le legacy ?
Évidemment, il n’est pas possible de tout casser du jour au lendemain. Il faut un travail d’analyse du portfolio de services offerts par l’IT : quels sont les services qui vont rester derrière, quels sont les services standards utiles aux applications en production (et qui donc génèrent du revenu), quels sont les services émergents, etc.
Et puis il y a l’environnement mobile, qui est nouveau, et les services élaborés en “rapid prototyping”. Une fois que ce travail d’analyse de portfolio est fait, on peut décider des choix à effectuer : de quoi a-t-on besoin pour avancer ? Quels services abandonner ? Quels services outsourcer ? Quels services conserver ?
Dans ce contexte, comment se préparer à l’évolution vers les métiers de demain ?
Nous sommes bien dans une phase de changement, où deux types d’IT cohabitent : l’existant, et le nouveau. Il est nécessaire d’avoir des connaissances sur ces deux types d’IT, mais surtout il faut changer d’état d’esprit pour s’orienter plus vers le business, le métier. Nous ne sommes plus des providers d’IT, mais des providers de service. L’IT doit devenir force de proposition pour le métier, ne pas attendre qu’une demande métier arrive et soit traitée via un ticket. Le challenge consiste à créer cette vision nouvelle de l’IT, à l’encadrer de façon à ce que les mentalités et les façons de faire évoluent. C’est le début d’un nouveau cycle, où l’IT revient sur le devant de la scène pour devenir le centre du business.