Paris Open Source Summit : l’apprentissage du numérique et le libre
Le numérique est au coeur de notre société, et l’informatique est la base sur laquelle se construit le numérique. Mais où en sommes-nous de l’enseignement de l’informatique ? Et quelle est la place du libre dans cet enseignement ? C’est sur la base de ces questions que s’est ouverte la table ronde “L’enseignement de l’informatique et le libre”, à laquelle D2SI a participé à l’occasion du Paris Open Source Summit le 19 novembre 2015.
Animée par Jean-Pierre Archambault, Président de l’Association Enseignement Public et Informatique (EPI), la table ronde étudie plusieurs aspects de l’enseignement de l’informatique. S’il parait évident que nous devons tous – grands comme petits – développer des compétences en numérique, organiser ces apprentissages semble nettement plus complexe. À commencer par le fait que savoir coder devient incontournable pour réellement comprendre l’informatique et sa logique.
Pour Bastien Guerry, co-fondateur de Jecode.org, le code est une porte d’entrée à l’apprentissage du numérique : “Les concepts qu’on apprend en programmation sont essentiels pour faire un usage éclairé des outils informatiques. Sans ces concepts, les usages sont aveugles, et les citoyens de simples consommateurs.” Trop souvent malheureusement, l’apprentissage de l’informatique se borne à la découverte d’outils bureautiques ou à la familiarisation avec les réseaux sociaux.
Autre constat généralement partagé : l’apprentissage de l’informatique demande beaucoup plus de pratique que de théorie pure. Celine Zapolsky, de Linagora, a ainsi lancé le programme OpenUp! au Vietnam qui a pour objectif l’enseignement de l’Open Source. Technologies, culture, solutions…l’enseignement OpenUp! s’articule autour d’un tiers de théorie, et deux tiers de pratique. L’informatique s’apprend par la pratique avant tout. Et grâce à l’essor d’Internet, l’informatique peut également s’apprendre à distance par les MOOC : Philippe Marquet a ainsi présenté le projet hybride Class’Code, qui mélange MOOC en enseignement présentiel.
L’apprentissage de l’informatique pose également une question centrale, celle des outils. Quel logiciel, quel langage, quel OS peuvent être utilisés pour soutenir l’apprentissage ? La question est loin d’être neutre. Aujourd’hui pour beaucoup, informatique est synonyme de Microsoft ou d’Apple, or il est essentiel de promouvoir la diffusion d’outils issus du libre. Non seulement pour offrir une alternative aux produits commerciaux, mais aussi parce que le libre possède un pouvoir pédagogique bien supérieur aux logiciels propriétaires (appelés également logiciels privateurs).
Apprendre avec le libre, c’est se placer dans une démarche participative, dans laquelle on gère des bien communs, où l’on partage son code et son savoir. C’est devenir acteur, et non plus simple consommateur, devenir plus autonome et développer une démarche entrepreneuriale. Comme on le constate, la question de l’apprentissage de l’informatique va bien au-delà de celle de la technologie : les enjeux sont politiques, économiques et sociétaux.
Cette question de l’apprentissage est primordiale pour les informaticiens eux-mêmes : l’évolution rapide des technologies fait que l’expert IT doit se former en permanence. C’est dans ce contexte que D2SI a lancé une initiative (Adopte un badge) autour de la plateforme OpenBadges (standard open source de la fondation Mozilla). L’objectif du projet porté par Sofiann Yousfi-Monod est d’aider les experts IT à acquérir les nouvelles compétences pour répondre aux nouveaux enjeux des métiers de l’IT : apprendre de façon autonome et continue, rayonner en partageant son savoir, interagir avec d’autres métiers…
Pour conclure cette table ronde, tous les intervenants soulignent encore une fois (oui, il est important de le répéter !) la nécessité d’être acteur de son apprentissage ; cela implique non seulement de revoir les proportions des enseignements théoriques et de la pratique, mais également de donner un cadre où chacun puisse participer, contribuer… et finalement, progresser.