Experts de l’IT, votre métier est-il legacy ?
En anglais, le terme “Legacy” signifie “héritage” ; utilisé dans le contexte de l’IT, il fait référence aux “systèmes dépassés mais toujours en cours d’utilisation” (Wikipedia). Mais comment définit-on la notion de “dépassé”? Quelle est la perception de l’entreprise, et celle de l’informaticien? Le legacy, en tant qu’héritage, représente-t-il un capital à faire fructifier, une base sur laquelle s’appuyer ou un poids que l’on traîne?
Habituellement, le terme de legacy est plutôt employé à propos d’une application ou d’une infrastructure. Pourtant, je rencontre de plus en plus d’informaticiens qui l’utilisent à propos de produits. Pour certains, un produit datant d’il y a plus de 4 ans serait du domaine du legacy, et continuer à travailler sur ce sujet serait se condamner à une forme d’obsolescence qui nuirait à sa carrière. Quand on parle de legacy, il y a donc une part importante de subjectivité : tout dépend du point de vue. Pour l’entreprise, le legacy est comparable au patrimoine, dont on hérite; le legacy est un héritage du passé, mais c’est aussi un centre de profit. Peut-on considérer comme legacy un produit qui a toujours une roadmap mais qui n’est plus dans le quadrant en haut à droite de Gartner?
La question de la définition du legacy se pose donc; au sens le plus strict du terme, on considèrera comme legacy ce qui n’est plus à jour, qui devient difficile à maintenir du fait d’une rupture technologique, mais qui est toujours en cours d’utilisation. Dans un contexte technologique où tout évolue très rapidement, il apparaît difficile de définir ce qui n’est pas legacy : en forçant le trait, on pourrait considérer qu’à partir du moment où un produit est installé, il devient legacy. Encore une fois, on se heurte à la différence de point de vue qui sépare le geek et l’entreprise. Le premier ayant tendance à dénigrer le legacy, quand l’entreprise est contrainte de le gérer. Et en effet, l’entreprise ne peut pas se permettre de casser ce qui fonctionne encore. Mais aujourd’hui la chasse aux talents poussent les DSI à introduire des technologies « cutting edge » (Hadoop par exemple) et lancer des projets sexy en espérant faire venir les meilleurs informaticiens.
En attendant, il faut continuer à gérer le legacy, qu’il s’agisse d’applications, d’infrastructure ou de technologie. Qui pour s’en occuper, malgré le fait que le legacy soit moins “glamour”, et que travailler sur des technologies dites legacy peut poser des problèmes d’employabilité? Il y a encore peu de temps, monter un projet de cloud privé était un aboutissement technologique; aujourd’hui, la majorité des experts du sujet préfèrent travailler sur du cloud public. La vraie question posée par le legacy, c’est à la fois de savoir comment faire cohabiter ancien et nouveau, mais également de bien gérer les équipes en charge des systèmes legacy : faire en sorte que leur travail ne soit pas “dénigré”, et leur donner des possibilités d’évolution, afin qu’ils puissent basculer facilement sur les nouvelles technologies le jour où le legacy rejoint définitivement le passé. Le modèle d’organisation permettant d’optim iser cette cohabitation reste encore à définir.
L’un des mes consultants m’a un jour fait remarquer que les technologies et l’organisation d’une DSI était en lien avec le métier de l’entreprise. De fait, si le métier de l’entreprise n’a pas réellement évolué, s’il est resté « legacy » dans ses besoins, alors faire évoluer la DSI, en dehors de la gestion de l’obsolescence, n’a pas de réelle utilité.
L’objectif de cette réflexion est de décoder les changements en cours dans l’IT et les impacts concrets sur les métiers : quels métiers risquent de disparaître, quels sont ceux qui seront bouleversés, et surtout quels sont les nouveaux métiers apparus récemment?
Au-delà de ces questions, “Les nouveaux métiers de l’IT” a pour objectif de fournir des pistes de réflexion et des réponses opérationnelles pour accompagner les équipes dans cette mutation qui touchent toutes les DSI. Vous y trouverez les réflexions de nos experts ainsi que les avis de grands noms de l’IT comme Docker, Amazon Web Services, HP ou encore Hashicorp.