Automatisation IT : quels changements pour le métier de gérant de portefeuille ?
Comme son nom l’indique, le gérant de portefeuille est le fer de lance de l’entreprise de gestion de fonds. C’est lui qui va prendre les décisions et endosser la responsabilité du placement de centaines de millions d’euros sur le marché. Comme beaucoup d’autres métiers, le métier de gérant de portefeuille évolue en profondeur, à la fois sous l’impulsion du marché, mais également des technologies de l’information.
Ce n’est pas un métier facile, mais c’est aussi un métier à forte reconnaissance. Comme le chirurgien dans la salle d’opération, le gérant de portefeuille dirige les opérations sous la lumière et en récolte la plupart des mérites. Historiquement, il a toujours été un visionnaire. Il doit décoder les fluctuations du marché pour repérer les meilleurs placements. Il lui est aisé, par exemple, de justifier son travail en chiffrant ses exploits : peu de gens en effet peuvent se vanter d’avoir fait gagner 4 000 000 d’euros à leur client la semaine passée.
Ainsi, les plus gros gains réalisés sont toujours la conséquence directe de ses choix avisés. Le gérant de portefeuille est noble, et il a toujours disposé d’une aura de prestige. La nécessité des structureurs pour concevoir les fonds et des sales pour les vendre est aussi pertinente que la présence du radiologiste et de l’anesthésiste pour le maître chirurgien. Quand on évoque les profits sensationnels des hedge funds comme Bridgewater Associates ou JP Morgan, c’est à l’habileté des gestionnaires qu’on se réfère.
La gestion de portefeuille 2.0
Pourtant, le gérant de portefeuille est dépassé. Son habileté ne suffit plus à couvrir une demande qui a évolué. Les différents scandales de la finance ont placé la gestion de fonds sous le feu des projecteurs et le niveau d’exigence des clients s’est apprécié. Il n’est plus possible de vendre un unique méga fonds dont la gestion est laissée à la discrétion du gérant tant qu’une bonne performance est produite. Les clients veulent de la variété, des promesses claires, et de nouvelles contraintes font leur apparition. C’est le cas par exemple des fonds responsables qui éliminent les facteurs d’armement, d’énergie fossile, de non-respect des droits de l’homme.
La démultiplication de ces stratégies rend impossible la gestion à l’ancienne. C’est pourquoi, comme dans beaucoup de métiers, l’automatisation est un facteur clef de la mutation du métier de gérant de portefeuille. En plus de ses compétences financières, le gérant doit maintenant maîtriser de nombreux outils informatiques tels que leurs logiciels d’analyse de stratégie, d’aide à la décision, de gestion et de passage d’ordre. Tout comme les robots chirurgiens, ces outils demandent un entraînement et, bien utilisés, peuvent très largement augmenter l’efficacité tout en limitant les erreurs humaines.
La nécessaire adaptation au changement
Mais ces nouvelles méthodes sont des freins pour ceux qui refusent de s’adapter aux changements. Sans la compréhension des outils, de nouveaux types d’erreurs peuvent se produire et ont alors des conséquences plus dramatiques à cause de l’augmentation des volumes traités. Certains gérants peuvent peiner à optimiser leur temps de travail. Le risque est alors de se retrouver abandonné sur le bord du chemin et, tel le chirurgien vieillissant, de refuser de s’adapter aux nouvelles méthodes de travail en regrettant amèrement une époque irrémédiablement révolue où il était le seul maître à bord.
Pour les autres, de nouveaux profils de gérants apparaissent qui, sans être informaticiens, comprennent le cœur de leurs outils afin d’en extraire le meilleur, de prévoir des utilisations originales, et de diriger de manière pertinente les évolutions au sein d’une équipe devops. Si l’avenir du métier de gérant de portefeuille est incertain, il est clair ces gérants-là en seront les vecteurs. Le nouveau gérant sera technique, ou ne sera pas !
A consulter également :