Mitchell Hashimoto : l’open source, une tendance de fond pour le datacenter moderne ?
Des implications du datacenter moderne aux outils permettant de l’automatiser et l’administrer, en passant par la montée en puissance des outils open source, Mitchell Hashimoto nous livre son analyse des tendances de fond de l’IT.
Mitchell Hashimoto est une star dans les milieux de l’open source, dont il est un actif contributeur depuis près de 10 ans. Il a récemment lancé Hashicorp, dans l’objectif de fournir les meilleurs outils devops possibles. Vagrant, Packer, Terraform, et Consul sont ses dernières productions. Mitchell Hashimoto participe également à de nombreuses conférences comme VelocityConf, OSCON, FOSDEM ou le TIAD Paris.
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Evoluer vers le datacenter moderne, qu’est-ce que ça change pour les prestataires d’IT ?
Aujourd’hui l’IT doit gérer la transition du monde physique vers le Software as a Service. C’est une notion qui doit être intégrée dans les processus, dans l’automatisation mais cela a aussi des implications en termes de sécurité. Même s’il y a des équipes spécifiques en charge de la sécurité, l’IT doit être consciente des problèmes de sécurité potentiels posés par le SaaS (containers, versions des applications, etc.). Les processus, l’automatisation et la sécurité, voilà pour moi les challenges à venir.
Comment évoluent les outils ?
Les outils actuels sont de plus en plus “developper friendly” : pas besoin d’être un spécialiste pour les utiliser, néanmoins ces outils ont une certaine profondeur. Si tout le monde peut les utiliser facilement, on aura toujours besoin de spécialistes pour les maîtriser en profondeur.
Qu’est-ce que ça change pour les développeurs ?
Les développeurs ont beaucoup plus de pouvoir qu’avant. Maintenant, leurs choix impactent le datacenter, quand par exemple ils choisissent une technologie de base de données (qui il y a quelques années leur aurait été imposée). Ca a complètement renversé le rapport de force.
L’IT évolue très rapidement…où en serons-nous d’ici quelques années ?
Il est très difficile de suivre cette évolution, même en baignant quotidiennement dedans. Nous sommes encore dans une période d’expansion, et nous pouvons prévoir beaucoup de croissance dans les prochaines années. Cependant, d’ici deux à quatre ans, nous allons entrer dans une phase de contraction : il y aura moins de nouveaux outils, et les entreprises capitaliseront sur les stacks existantes. A un certain point, il faut choisir : le changement est coûteux. D’ici deux ans, les early adopters vont donner la tendance, se décider et ouvrir la voie pour les autres. Nous verrons alors moins de nouvelles technologies, et plus de technologies de support (exemple, des outils de monitoring pour Docker). Une fois que certaines technologies seront en place, il faudra les soutenir.
Comment expliques-tu la montée de l’open source dans les grandes sociétés ?
Je pense que c’est dû à une certaine lassitude envers les produits propriétaires. Cela garantit en effet un support, mais les entreprises ont vite réalisé les avantages majeurs des produits open source : ils évoluent vite, et sont sans engagement. Il est beaucoup plus difficile de quitter une solution propriétaire. Certes, quitter une solution open source n’est pas forcément simple, mais dans le cas d’une technologie propriétaire c’est quasiment impossible. Comme les technologies open source rendent l’émancipation possible, de plus en plus d’entreprises les adoptent, et ainsi de suite. C’est un cercle vertueux en quelque sorte.
Qu’est-ce qui fait un bon produit open source ?
Pour qu’un produit open source soit utilisé largement, la base c’est d’avoir une bonne documentation. Mais j’attends aussi d’un produit open source qu’il ne se focalise pas uniquement sur la technique. Au final, la technique est secondaire. Par exemple avec Vagrant, ce qui me semblait intéressant était non la facilité de travail avec les VM, mais le fait de faciliter le développement. Certains l’ont choisi pour travailler avec des VM, beaucoup plus parce que ça rendait le développement plus simple. Pour moi, ce qui compte c’est vraiment cela : trouver un problème, lui apporter une solution. Je ne veux pas hyper la technologie pour la technologie.
Comment expliques-tu le succès de des produits Hashicorp ?
Il est difficile d’expliquer ce qui a fait que nos produits ont décollé. Mais contrairement à certains de nos concurrents, nous essayons d’être pragmatiques et construire des outils répondant aux problèmes de nos utilisateurs. Et plus nous avons d’utilisateurs, plus nos réponses sont pertinentes : nous voyons plus d’infrastructures, nous avons plus de feedback.
Et puis nous sommes différents d’un point de vue culturel : notre approche du design software n’est pas centrée sur la technologie, mais sur l’expérience utilisateur et le design. A la base, l’infrastructure, ce n’est pas vraiment quelque chose de sexy. Comment en faire quelque chose d’amusant? C’est dans cette idée qu’on a fait Terraform. Monter une infrastructure complexe avec des dizaines de serveurs et des systèmes distribués, le tout en une seule commande…ça produit un effet “wow” ! Nous essayons ainsi de minimiser le nombre d’étapes entre le démarrage et ce que nous appelons le moment de satisfaction. Par exemple avec Vagrant, 3 étapes suffisent pour se lancer et être prêt à utiliser Vagrant. Même si l’utilisateur n’a pas encore beaucoup de détails, il a été suffisamment intrigué par la démo pour être convaincu d’investir un peu plus de temps.
Retrouvez la présentation de Mitchell Hashimoto lors du TIAD :